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d’hommes et de chevaux, prirent leur premier séjour à Sardica, environ à trois cent cinquante milles, ou treize jours de marche de Constantinople. Comme les ruines de Sardica se trouvaient sur les terres de l’empire, les Romains remplirent les devoirs de l’hospitalité. Les habitans de la province leur fournirent une quantité suffisante de bœufs et de moutons ; et les Huns furent invités à un repas splendide ou du moins abondant ; mais la vanité et l’indiscrétion des deux partis introduisirent bientôt la dissension parmi les convives. Les ambassadeurs romains soutinrent avec chaleur la majesté de Théodose et de l’empire ; et les Huns maintinrent avec une égale vivacité la supériorité de leur monarque victorieux. L’adulation déplacée de Vigilius enflamma la dispute ; il rejetait dédaigneusement la comparaison d’un mortel, quel qu’il put être, avec le divin Théodose ; et ce fut avec beaucoup de difficulté que Priscus et Maximin parvinrent à changer de conversation et à calmer la colère des Barbares. Lorsqu’ils quittèrent la table, les ambassadeurs romains offrirent à Édecon et à Oreste des robes de soie et des perles des Indes, que ceux-ci acceptèrent avec reconnaissance. Oreste observa cependant qu’on ne l’avait pas toujours traité avec autant d’égards et de libéralité. La distinction offensante que le rang héréditaire de son collègue obtenait sur un particulier revêtu d’un emploi civil, semble avoir fait d’Édecon un ami suspect, et d’Oreste un ennemi irréconciliable. Après leur départ de Sardica, ils firent une route de cent milles avant