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ambassades du roi des Huns[1], qui toutes avaient pour objet de presser l’exécution tardive ou imparfaite des articles du traité, de produire les noms des fugitifs et des déserteurs qui se trouvaient encore sous la protection de l’empire, et de déclarer, avec une feinte modération, que si leur souverain n’obtenait promptement satisfaction, il lui serait impossible, lors même qu’il le voudrait, d’arrêter le ressentiment de ses belliqueuses tribus. Outre les motifs d’orgueil et d’intérêt qui engageaient le roi des Huns à continuer cette suite de négociations, il y cherchait encore l’avantage peu honorable d’enrichir ses courtisans aux dépens de ses ennemis. On épuisait le trésor impérial pour gagner les ambassadeurs et les principaux de leur suite, dont le rapport favorable pouvait contribuer à la conservation de la paix. Le roi des Huns était flatté de la réception honorable que l’on faisait à ses ambassadeurs ; il calculait avec satisfaction la valeur et la magnificence des présens qu’ils obtenaient, exigeait rigoureusement l’exécution de toutes les promesses qui devaient leur procurer quelque avantage, et traita comme une affaire d’état le mariage de Constance, son secrétaire[2].

  1. Montesquieu (Considérations sur la grandeur, etc., c. 19) a tracé d’un crayon hardi et facile quelques exemples de l’orgueil d’Attila et de la honte des Romains : on doit le louer d’avoir lu les fragmens de Priscus, qu’on avait toujours trop négligés.
  2. Voyez Priscus, p. 69, 71, 72, etc. J’étais disposé à croire que cet aventurier avait été crucifié depuis par l’ordre d’Attila, sur le soupçon de perfidie ; mais Priscus