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pas même l’idée du partage des terres, devaient ignorer l’usage aussi-bien que l’abus de la jurisprudence civile, et l’habileté d’un éloquent jurisconsulte ne devait exciter en eux que mépris ou aversion[1]. Les Huns et les Goths, continuellement mêlés ensemble, se communiquaient réciproquement la connaissance de leurs idiomes ; et tous les Barbares voulaient parler la langue latine, parce qu’elle était la langue militaire, même dans l’empire d’Orient[2] ; mais ils dédaignaient le langage et les sciences des Grecs. L’orgueilleux sophiste ou le grave philosophe accoutumé aux applaudissemens des écoles, devait souffrir de voir donner la préférence à son robuste esclave, compagnon de sa captivité. Dans le nombre des arts mécaniques, les Huns n’estimaient et n’encourageaient que ceux qui servaient à leurs besoins. Onegesius, un des favoris d’Attila, fit construire un bain par un architecte, son esclave ; mais ce fut un exemple extraordinaire du luxe d’un particulier ; et

    tous également sûrs de gagner les fils et les petits-fils de Gengis-Khan, qui traitaient avec une égale douceur les missionnaires de ces religions rivales.

  1. Les Germains, qui exterminèrent Varus et ses légions, avaient été particulièrement offensés des lois des Romains, et irrités contre leurs jurisconsultes. Un des Barbares, après avoir coupé la langue d’un avocat et lui avoir cousu la bouche, observa d’un air de satisfaction que la vipère ne pouvait plus siffler. (Florus, IV, 12.)
  2. Priscus, p. 59. Il semble que les Huns préféraient la langue des Goths et celle des Latins, à leur propre idiome, qui était sans doute pauvre et dur.