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un pays fertile qui fournissait abondamment aux besoins d’un peuple de pâtres et de chasseurs. Dans cette situation avantageuse, Rugilas et ses frères ajoutaient continuellement à leur puissance et à leur réputation ; ce monarque menaçait sans cesse les deux empires, et les forçait alternativement à la guerre et à la paix. Son amitié pour le célèbre Ætius cimenta l’alliance qu’il conclut avec les Romains de l’Occident. Ætius trouvait toujours dans le camp des Barbares un asile sûr et un secours puissant. Ce fut à sa sollicitation que soixante mille Huns s’avancèrent vers l’Italie pour soutenir la cause de l’usurpateur Jean, et firent payer cher à l’état leur marche et leur retraite. La politique reconnaissante d’Ætius abandonna à ses fidèles alliés la possession de la Pannonie. Les Romains de l’Orient ne redoutaient pas moins les entreprises de Rugilas, qui menaça leurs provinces et même leur capitale. Quelques écrivains ecclésiastiques ont employé la foudre[1] et la peste à détruire les Barbares ; mais Théodose fut contraint d’avoir recours à de plus humbles moyens, et de stipuler un payement annuel de trois cent cinquante livres pesant d’or ; tribut dont il déguisa la honte

    Bibliothéque ancienne et moderne, t. XXI, p. 1, 51, et dans la Bibliothéque raisonnée, t. XVI, p. 127-175.

  1. Socr., l. VII, c. 43 ; Théodoret, l. V, c. 36. Tillemont, qui s’en rapporte toujours à l’autorité des auteurs ecclésiastiques, soutient opiniâtrement qu’il ne s’agissait ni de la même guerre ni des mêmes personnages. Hist. des emper., t. VI, p. 136-607.