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porte d’Éphèse. La singularité de ses vêtemens, son vieux langage, et l’antique médaille de Dèce qu’il offrait pour de la monnaie courante, parurent fort extraordinaires au boulanger ; et Jamblichus, soupçonné d’avoir trouvé un trésor, fut traîné devant le juge. Leurs questions mutuelles découvrirent la miraculeuse aventure, et il parut constant qu’il s’était écoulé près de deux cents ans depuis que Jamblichus et ses compagnons avaient échappé à la rage du persécuteur des chrétiens. L’évêque d’Éphèse, le clergé, les magistrats, le peuple et l’empereur Théodose lui-même, à ce que l’on assure, s’empressèrent de visiter la caverne merveilleuse des sept dormans, qui donnèrent leur bénédiction, racontèrent leur histoire, et expirèrent tranquillement aussitôt après. On ne peut attribuer l’origine de cette fable à la fraude pieuse ou à la crédulité des Grecs modernes, puisqu’on peut retrouver les traces authentiques de la tradition de ce miracle supposé, jusqu’à environ un demi-siècle après l’événement. Jacques de Sarug, évêque de Syrie, né deux ans après la mort de Théodose le jeune, a consacré à l’éloge des dormans d’Ephèse[1] une des deux cent trente homélies qu’il a composées avant la fin du

  1. Jacques, un des pères orthodoxes de l’Église syriaque, était né A. D. 452 ; il commença à composer des sermons A. D. 474 ; il fut fait évêque de Batnæ, dans le district de Sarug et dans la province de la Mésopotamie, A. D. 519 ; et mourut A. D. 521. Assemanni, t. I, p. 289. Pour l’homélie De pueris ephesinis, voyez p. 335-339. J’aurais voulu