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l’absence de l’évêque de Cyrrhe, elle dut sa délivrance à la générosité de quelques soldats de la garnison. À son retour, Théodoret fournit libéralement à son entretien. Marie, après avoir passé dix mois parmi les chanoinesses de l’Église, apprit que son père, heureusement échappé du massacre de Carthage, exerçait un emploi honorable dans une des provinces de l’Occident. Le prince évêque seconda l’impatience qu’elle avait de rejoindre Eudemon ; et dans une lettre qui existe encore, il la recommanda à l’évêque d’Ægæ, ville maritime de la Cilicie, que les vaisseaux de l’Occident fréquentaient tous les ans durant la foire. L’évêque de Cyrrhe pria son confrère de traiter Marie avec les égards dus à sa naissance, et de ne la confier qu’à des marchands capables de regarder comme un avantage suffisant le plaisir de rendre à un père affligé une fille qu’il devait croire à jamais perdue.

Fable des sept dormeurs.

Parmi les insipides légendes de l’histoire ecclésiastique, on remarque la fable mémorable des sept dormeurs[1], dont la date imaginaire correspond au règne de Théodose le jeune, et à la conquête de l’Afrique par les Vandales[2]. Durant la persécu-

  1. Dans une fable, le choix des circonstances est peu important ; cependant j’ai suivi exactement le récit qui a été traduit du syriaque par les soins de saint Grégoire de Tours, De gloriâ martyrum, l. I, c. 95 ; in maxim. Bibl. Patrum, t. XI, p. 856 ; les Actes grecs de leurs martyrs, ap. Phot., p. 1400, 1401 ; et les Annales du patriarche Eutychius, t. I, p. 391, 531, 532, 535, vers. Pocock.
  2. Deux écrivains syriaques cités par Assemanni (Bibl.