Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/225

Cette page a été validée par deux contributeurs.

moins l’entreprise de Genseric. Dix-sept ans avant sa descente en Afrique, on avait tenu à Carthage une conférence publique sous l’autorité du magistrat ; les catholiques se persuadèrent qu’après les invincibles raisons qu’ils avaient alléguées, les schismatiques ne pouvaient leur résister que par une obstination volontaire et inexcusable ; et Honorius se laissa persuader d’infliger les plus rigoureux châtimens à une faction qui abusait depuis si long-temps de sa douceur et de sa patience. On arracha de leurs églises trois cents évêques[1] et des milliers d’ecclésiastiques inférieurs ; ils furent dépouillés de toutes leurs possessions ecclésiastiques, bannis dans les îles et proscrits par la loi, en cas qu’ils osassent se cacher dans les provinces de l’Afrique. Les membres de leurs nombreuses congrégations, soit dans les villes, soit dans les campagnes, perdirent tous les droits du citoyen et tout exercice du culte religieux. Tout individu convaincu d’avoir assisté à un conventicule de schismatiques devait être puni par une amende soigneusement spécifiée et calculée avec attention depuis dix livres d’argent jusqu’à deux cents, en proportion de son rang et de sa fortune ; et celui qui s’exposait à payer cinq fois l’amende sans se corriger,

  1. Les évêques donatistes, à la conférence de Carthage, étaient au nombre de deux cent soixante-dix-neuf, et ils assurèrent que leur nombre total se montait à plus de quatre cents. Les catholiques en avaient deux cent quatre-vingt-six présens, cent vingt absens, outre soixante-quatre évêchés vacans.