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mont Atlas, se trouvaient réunis sous le commandement de leur roi. Son autorité s’étendait sur les Alains, dont une même génération avait passé des régions glacées de la Scythie dans le climat brûlant de l’Afrique. Les espérances que présentait cette entreprise hasardeuse attiraient sous ses drapeaux une foule de braves aventuriers goths, et des habitans de la province que le désespoir poussait à réparer leur fortune par les moyens qui l’avalent détruite. Cependant cette réunion de soldats de différentes nations ne composait que cinquante mille hommes effectifs ; et quoiqu’il tachât d’en augmenter l’apparence en nommant quatre-vingts chiliarches ou commandans de mille soldats, le supplément illusoire des vieillards, des enfans et des esclaves, aurait à peine suffi pour porter la totalité à quatre-vingt mille hommes[1] ; mais l’adresse du général et les troubles de l’Afrique lui procurèrent bientôt une multitude d’alliés. [Les Maures.]Les cantons de la Mauritanie, limitrophes au grand désert et à l’Océan Atlantique, étaient habités par une race d’hommes farouches et intraitables, dont le caractère sauvage avait été plus

  1. Comparez Procope (De bell. Vandal., l. I, c. 5, p. 190) et Victor Vitensis (De Persecut. Vandal., l. I, c. 1, p. 3, edit. Ruinart). Idatius assure que Genseric évacua l’Espagne, cum Vandales omnibus corumque familiis. Et Possidius (In vit. sanct. August., c. 28. apud Ruinart, p. 427) représente son armée comme manus ingens immanium gentium Vandalorum et Alanorum, commixtam secum habens Gothorum gentem, aliarumque diversarum personas.