Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

secrets ressorts de la politique, soit pour se procurer des alliés utiles, ou pour semer la haine et la division chez ses ennemis. Presqu’au moment de son départ, il apprit qu’Hermanric, roi des Suèves, avait osé ravager ses possessions en Espagne, qu’il se déterminait à abandonner. Irrité de cette insulte, Genseric poursuivit les Suèves fugitifs jusqu’à Mérida, précipita leur chef et leur armée dans la rivière d’Anas, et revint tranquillement sur le rivage de la mer embarquer ses troupes victorieuses. [Il débarque en Afrique, A. D. 429. Mai.]Les vaisseaux dans lesquels les Vandales traversèrent le détroit de Gibraltar, large d’environ douze milles, furent équipés par les Espagnols, qui désiraient ardemment leur départ, et par le gouverneur d’Afrique qui avait imploré leurs redoutables secours[1].

Il fait la revue de son armée. A. D. 429.

Notre imagination, accoutumée depuis si long-temps à exagérer et à multiplier ces essaims guerriers de Barbares que le Nord semblait répandre avec tant d’abondance, sera étonnée sans doute du petit nombre de combattans que Genseric débarqua sur les côtes de la Mauritanie. Les Vandales, qui, dans le cours de vingt ans, avaient pénétré de l’Elbe au

  1. Voyez la Chronique d’Idatius. Cet évêque, espagnol et contemporain, place le passage des Vandales au mois de mai de l’année d’Abraham (qui commence en octobre) 2444. Cette date, qui se rapporte à l’année 429 de Jésus-Christ, est confirmée par Isidore, autre évêque espagnol ; et cette opinion paraît préférable à celle des écrivains qui ont placé cet événement dans l’une ou l’autre des deux années précédentes. Voy. Pagi, Critica, t. II, p. 205, etc.