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rappeler Boniface de son gouvernement d’Afrique, et conseilla secrètement à Boniface de désobéir aux ordres de l’impératrice. Il faisait considérer à Boniface son rappel comme une sentence de mort, et peignait à Placidie la désobéissance du gouverneur comme l’indice certain d’une révolte. Lorsque le crédule et confiant Boniface eut armé pour défendre sa vie, Ætius se fit un mérite vis-à-vis de l’impératrice, d’avoir prévu un événement amené par sa propre perfidie. En cherchant modérément à s’expliquer avec Boniface sur les motifs de sa conduite, on aurait ramené à son devoir et rendu à l’état un serviteur fidèle ; mais les artifices d’Ætius s’opposèrent à cette explication ; il continua de trahir et d’irriter ; et le comte, poussé à bout, prit une résolution violente que lui inspira son désespoir. Le succès avec lequel il évita ou repoussa les premières attaques, ne l’aveuglèrent point sur l’impossibilité de résister avec quelques Africains indisciplinés aux forces de l’Occident, commandées par un rival dont il connaissait les talens militaires. Après quelques irrésolutions, derniers efforts du devoir et de la prudence, Boniface envoya à la cour ou plutôt au camp de Gonderic, roi des Vandales, un ami sûr, chargé de

    raconte la fourberie d’Ætius, la révolte de Boniface et la perte de l’Afrique. Cette anecdote, confirmée par d’autres témoignages (voy. Ruinart, Hist. persecut. Vandal., p. 420, 421) paraît assez conforme aux intrigues des cours anciennes et modernes, et serait suffisamment constatée par le repentir de Boniface.