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l’âge de puberté, cette alliance s’accomplit fidèlement. En même temps, et probablement en compensation des frais de la guerre, l’Illyrie occidentale cessa d’appartenir à l’Italie, et fit partie de l’empire d’Orient[1]. Théodose acquit l’utile possession de la riche province maritime de Dalmatie, et la souveraineté dangereuse de la Pannonie et de la Norique, désolées depuis plus de vingt ans par les invasions continuelles des Huns, des Ostrogoths, des Vandales et des Bavarois. Théodose et Valentinien respectèrent toujours les devoirs de leur alliance publique et personnelle ; mais l’unité du gouvernement du monde romain fut tout-à-fait anéantie ; et un édit unanime des deux gouvernemens déclara qu’à l’avenir les lois nouvelles ne seraient reconnues que dans les états du prince qui les aurait promulguées, à moins qu’il ne jugeât à propos de les communiquer, signées de sa propre main, à son collègue[2], qui les adopterait s’il le trouvait convenable.

  1. Le comte du Buat (Hist. des Peuples de l’Europe, t. VII, p. 292-300) a établi la réalité, expliqué les motifs, et observé les conséquences de cette cession remarquable.
  2. Voy. la première Novelle de Théodose, par laquelle il ratifie et publie (A. D. 438) le code de Théodose-le-Grand. Environ quarante ans avant cette époque, l’unité de législation avait été prouvée par une exception. Les Juifs, qui étaient fort nombreux dans les villes de la Pouille et de la Calabre, produisirent une loi de l’Orient qui les exemptait des offices municipaux (Cod. Théod., l. XVI, tit. 8, leg. 13), et l’empereur fut obligé d’annuller par un édit spécial