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ancienne reine, chaque jour était marqué à Ravenne par des tumultes et des meurtres, et le désordre ne put être apaisé qu’après le départ forcé ou volontaire de Placidie et de ses enfans. Ces augustes exilés arrivèrent à Constantinople peu de temps après le mariage de Théodose, tandis qu’on célébrait les réjouissances des victoires remportées sur les Persans. On les reçut avec autant d’affabilité que de magnificence ; mais comme la cour de Constantinople avait rejeté les statues de l’empereur Constance, sa veuve ne pouvait pas décemment être reconnue pour Augusta. Peu de mois après l’arrivée de Placidie, un messager rapide vint annoncer la mort d’Honorius, arrivée à la suite d’une hydropisie. On cacha cet important secret le temps nécessaire pour faire avancer un corps considérable de troupes sur la côte maritime de la Dalmatie. Les boutiques et les portes de Constantinople restèrent fermées durant sept jours ; et la mort d’un prince étranger qu’on ne pouvait ni regretter, ni estimer, fut honorée de toutes les apparentes démonstrations de la douleur publique.

Élévation et chute de l’usurpateur Jean. A. D. 423-425.

Tandis que les ministres de Constantinople délibéraient, un étranger s’emparait du trône d’Honorius. Jean était le nom de l’ambitieux usurpateur. Il occupait le poste de confiance de primicerius ou premier secrétaire ; et l’histoire lui accorde des vertus qui paraissent incompatibles avec la violation du plus sacré des devoirs. Enorgueilli par la soumission de l’Italie et l’espoir d’une alliance avec les Huns, Jean eut la hardiesse d’insulter, par une ambassade,