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sollicitaient avec ardeur le consentement, peint parfaitement le caractère d’un peuple superstitieux. Il déplore les vices évidens et inexcusables d’Artasire, et n’hésiterait pas, disait-il, à l’accuser devant le tribunal d’un empereur chrétien, qui châtierait le pécheur sans le détruire. « Notre roi, ajoutait Isaac, se livre à des plaisirs licencieux ; mais il a été purifié par les saintes eaux du baptême. Il aime les femmes, mais il n’adore ni le feu ni les élémens. On peut l’accuser de débauche ; mais il est évidemment catholique, et sa foi peut être sincère quoique ses mœurs soient corrompues. Je ne consentirai jamais à livrer mon troupeau à la rage des loups dévorans ; et vous auriez bientôt lieu de vous repentir d’avoir imprudemment échangé les faiblesses d’un fidèle contre les vertus apparentes d’un païen[1]. » La fermeté d’Isaac enflamma le ressentiment des nobles ; ils dénoncèrent le roi et l’archevêque comme partisans secrets de l’empereur romain, et entendirent avec une satisfaction insensée, Bahram, après un examen partial, prononcer lui-même la sentence de condamnation. Les descendans d’Arsace furent dégradés de la dignité royale[2], qu’ils possédaient depuis plus de cinq cent

  1. Moïse de Chorène, l. III, c. 63, p. 316. Selon l’institution de saint Grégoire, apôtre de l’Arménie, l’archevêque faisait toujours partie de la famille royale ; circonstance qui corrigeait, en quelque façon, l’ascendant du caractère sacerdotal, et unissait la mitre avec la couronne.
  2. Une branche de la maison royale des Arsaces continua d’exister, probablement avec le rang et les biens de satrape d’Arménie. Voyez Moïse de Chorène, l. III, c. 65, p. 321.