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qu’elle n’avait jamais passé les bornes de l’innocence et de l’amitié.

L’ambition des conquêtes ou de la gloire militaire n’avait jamais agité l’âme tranquille de Théodose, et la faible alarme de la guerre de Perse interrompit à peine le repos de l’Orient. Les motifs de cette guerre étaient aussi justes qu’honorables. Dans la dernière année du règne de Jezdegerd, le tuteur supposé de Théodose, un évêque qui aspirait à la couronne du martyre détruisit à Suze un des temples du Feu[1]. Son zèle et son opiniâtreté attirèrent la vengeance sur ses frères ; les mages irrités excitèrent une persécution violente ; et Varanes ou Bahram, qui succéda au trône de Jezdegerd, hérita aussi de son ressentiment. Quelques chrétiens fugitifs s’étaient réfugiés sur les frontières des Romains ; ils furent redemandés avec hauteur et généreusement refusés. Ce refus, aggravé par quelques différends relatifs à des intérêts commerciaux, fit bientôt éclater la guerre entre les deux puissances rivales. Leurs armées couvrirent les montagnes de l’Arménie et les plaines de la Mésopotamie ; mais les opérations

    cent quatre-vingt-huit livres pesant d’or, environ huit cent mille livres sterling.

  1. Théodoret, l. V, c. 39 ; Tillemont, Mém. eccl., t. XII, p. 356-364 ; Assemanni, Bibl. orient., t. III, p. 396 ; t. IV, p. 61. Théodoret blâme l’imprudence d’Abdas ; mais il loue sa constance en souffrant le martyre. Cependant je ne conçois pas bien clairement les principes qui défendent de réparer le dommage qu’on a commis illégalement.