Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

soixante-huit ans avant l’ère chrétienne, la charge de préteur conférée à Anicius anoblit sa famille. Il termina glorieusement la guerre d’Illyrie par la captivité du roi et la conquête de la nation[1]. Depuis le triomphe de ce général, trois consulats, à des époques éloignées l’une de l’autre, marquèrent la filiation des Aniciens[2]. Depuis le règne de Dioclétien jusqu’à la destruction totale de l’empire d’Occident, l’éclat de leur nom ne le céda pas, dans l’opinion du peuple, à la pourpre impériale[3]. Les différentes branches qui le portèrent réunirent, ou par des mariages, ou par des successions, les honneurs et les richesses des familles Anicienne, Pétronienne et

    Annales de Pighius, est celle de M. Anicius Gallus, Trib. Pl. A. U. C. 506 ; un autre tribun, Q. Anicius, A. U. C. 508, est distingué par le surnom de Prænestinus. Tite-Live (XLV, 43) place les Aniciens au-dessous des familles illustres de Rome.

  1. Tite-Live, XLIV, 30-31 ; XLV, 3, 26, 43. Il apprécie avec impartialité le mérite d’Anicius, et observe que la gloire du triomphe de l’Illyrie fut obscurcie par celui de la Macédoine, qui venait de le précéder.
  2. Les dates des trois consulats sont A. U. C. 593, 818, 967. Les deux derniers sous les règnes de Néron et de Caracalla. Le second de ces consuls ne se distingua que par ses infâmes flatteries. Tacite, Annal. XV, 74. Mais les maisons nobles admettent sans répugnance dans leur généalogie la bassesse et même le crime, pourvu qu’ils puissent servir à en démontrer l’ancienneté.
  3. Dans le sixième siècle, un ministre d’un roi goth d’Italie (Cassiodore, Variar., l. X, ep. 10-12) parle avec le plus grand respect de la noblesse des Aniciens.