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des prophéties de Daniel et de Zacharie ; un centon des vers d’Homère, appliqué à la vie et aux miracles de Jésus-Christ ; la Légende de saint Cyprien, et un panégyrique des victoires de Théodose sur les Perses. Ses écrits, admirés par un peuple d’esclaves superstitieux, n’ont point paru méprisables aux critiques exempts de partialité[1]. Le temps et la possession n’affaiblirent point la tendresse de l’empereur ; et après le mariage de sa fille, Eudoxie obtint la permission de remplir le vœu de sa reconnaissance par un pèlerinage à Jérusalem. Le faste avec lequel cette princesse traversa l’Orient, s’éloigne un peu de l’humilité chrétienne. Elle prononça sur un trône d’or, enrichi de pierres précieuses, un discours éloquent dans le sénat d’Antioche, déclara l’intention d’élargir l’enceinte de la ville, fit un don de deux cents livres d’or pour rétablir les bains publics, et accepta les statues que la reconnaissance des habitans offrit d’élever en son honneur. Dans la Terre-Sainte, ses aumônes et ses fondations pieuses surpassèrent la munificence d’Hélène-la-Grande ; et si le trésor public souffrit un peu de ses libéralités, elle jouit au moins

  1. Socrate, l. VII, c. 21; Photius, p. 413-420. Le centon d’Homère existe encore, et a été imprimé plusieurs fois ; mais les critiques prétendent que cette insipide production n’est point d’Eudoxie. Voyez Fabricius, Biblioth. græc., t. I, p. 357. L’Ionia, ou Dictionnaire de fables et d’histoires, a été compilé par une autre impératrice du nom d’Eudoxie, qui vivait dans le onzième siècle, et le manuscrit existe encore.