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chès et de Nestorius. Tant de vertus semblaient mériter la faveur particulière de la Divinité[1] ; et la pieuse impératrice en obtint en songe ou dans des visions, la découverte des saintes reliques des martyrs et la connaissance d’une partie des événemens futurs. Cependant la dévotion n’empêchait point Pulchérie de veiller, avec une attention infatigable, aux affaires du gouvernement ; et cette princesse est la seule des descendans du grand Théodose qui semble avoir hérité d’une partie de son courage et de ses talens. Elle avait acquis l’usage familier des langues grecque et latine, dont elle se servait avec grâce dans ses discours et dans ses écrits relatifs aux affaires publiques. La prudence présidait toujours à ses délibérations ; son exécution était prompte et décisive. Faisant mouvoir sans bruit et sans ostentation les rouages du gouvernement, elle attribuait discrètement au génie de l’empereur la longue tranquillité de son règne. Dans les dernières années de

  1. Elle fut avertie, par plusieurs songes consécutifs, des endroits où les corps des quarante martyrs avaient été enterrés. La terre qui les recelait avait successivement fait partie de la maison et du jardin d’une dame de Constantinople, d’un monastère de moines macédoniens, et était enfin occupée par une église de saint Thyrse, élevée par Cesarius, qui fut consul (A. D. 397). Ces reliques étaient presque entièrement oubliées. Malgré le souhait charitable du docteur Jortin, on ne peut guère se dispenser de soupçonner Pulchérie d’avoir eu quelque part à cette fraude pieuse. L’impératrice devait avoir alors plus de trente-cinq ans.