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à Honorius la régence et la tutelle de son neveu, au moins jusqu’à ce qu’il eût atteint sa quatorzième année. Mais la faiblesse d’Honorius et les calamités de son règne l’empêchèrent de réclamer ses droits ; et les deux empires étaient si divisés d’intérêt et d’affection, que les habitans de Constantinople auraient obéi avec moins de répugnance aux ordres du monarque persan qu’au gouvernement de la cour de Ravenne. Sous un prince qui, parvenu à l’âge de raison, couvre sa faiblesse de l’extérieur d’un homme, les plus méprisables favoris peuvent disputer secrètement l’empire du palais, et dicter aux provinces obéissantes les ordres d’un maître qu’ils dirigent et qu’ils méprisent ; mais les ministres d’un enfant incapable de les autoriser par sa sanction, acquièrent et exercent nécessairement une autorité indépendante. Les grands officiers de l’état et de l’armée qui avaient été mis en place avant la mort d’Arcadius, formaient une aristocratie qui aurait pu leur donner l’idée d’un gouvernement républicain : heureusement le préfet Anthemius s’empara de l’autorité, et conserva un ascendant durable sur ses égaux par la supériorité de son mérite[1]. Il prouva sa fidélité

  1. Socrate, l. VII, c. 1. Anthemius était petit-fils de Philippe, un des ministres de Constance, et grand-père de l’empereur Anthemius. Au retour de son ambassade de Perse, il fut désigné consul et préfet du prétoire de l’Orient dans l’année 405. Il conserva sa préfecture environ dix ans. Voyez son éloge dans Godefroy, Code Théod., t. VI, p. 350 ; Tillemont, Histoire des empereurs, t. VI, p. 1, etc.