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moins la naissance d’un fils comme l’événement le plus heureux et le plus honorable pour lui, pour sa famille et pour l’empire ; et l’auguste enfant, par une faveur sans exemple, fut revêtu, dès sa naissance, des titres de César et d’Auguste. Environ quatre ans après, les suites d’une fausse couche enlevèrent Eudoxie dans son printemps, et sa mort déconcerta la prophétie d’un saint évêque[1], qui, au milieu de la joie et des fêtes publiques, avait hasardé de prédire que l’impératrice serait témoin du règne long et glorieux de son fils Théodose. Les catholiques applaudirent à la justice du ciel qui vengeait la persécution de saint Chrysostôme ; et l’empereur fut peut-être le seul qui regrettât sincèrement l’avide et impérieuse Eudoxie. Cette perte particulière l’affecta plus que toutes les calamités publiques[2] ; les insolentes excursions des brigands isauriens qui ravageaient depuis le Pont jusqu’à la Palestine, et dont l’impunité accusait la faiblesse du gouvernement ; les incendies,

    étonnant que ce témoin ait osé vivre et écrire dans les états d’un prince dont il révoquait en doute la légitimité. Cette histoire était probablement le libelle de quelque faction que les païens lisaient et se communiquaient secrètement. Tillemont (Hist. des emper., t. V, p. 782) semble disposé à inculper Eudoxie.

  1. Porphyre de Gaza, zélé prélat, fut transporté de joie lorsqu’il obtint l’ordre de détruire huit temples païens de cette ville. Voyez les détails curieux de sa vie, Baronius, A. D. 401, nos 17-51. L’original a été écrit en grec ou peut-être en syriaque, par un moine, un de ses diacres favoris.
  2. Philostorg., l. XI, c. 8 ; et Godefroy, Dissert., p. 457.