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que l’esprit de débauche et de simonie infectait tout l’ordre épiscopal[1]. La condamnation rigoureuse de ces évêques, en cas qu’ils fussent innocens, dut exciter leur juste indignation ; et en supposant au contraire qu’ils fussent coupables, la plupart de leurs confrères qui craignaient d’éprouver le même sort, sentirent bientôt que leur sûreté ne pouvait s’établir que sur la ruine de l’archevêque, qu’ils tâchaient de représenter comme le tyran de l’Église orientale.

L’impératrice Eudoxie persécute S. Chrysostôme. A. D. 403.

Théophile[2], archevêque d’Alexandrie, prélat actif et ambitieux, qui dissipait en monumens fastueux des biens acquis par la rapine, conduisit la conspiration ecclésiastique. Sa vanité nationale lui inspirait de l’aversion pour une ville dont la grandeur naissante le faisait descendre du second au troisième rang dans le monde chrétien ; et quelques querelles personnelles avaient achevé de l’irriter contre saint Chrysostôme[3]. D’après l’invitation secrète

  1. Saint Chrysostôme, t. IX, hom. III, In Act. apostol., p. 29, déclare que le nombre des évêques qui seront sauvés, est très-petit, en comparaison de ceux qu’attend la damnation éternelle.
  2. Voyez Tillemont, Mém. ecclés., t. XI, p. 441-500.
  3. J’ai cru devoir omettre la controverse qui s’éleva parmi les moines de l’Égypte concernant les opinions d’Origène et l’anthropomorphisme ; la dissimulation et la violence de Théophile, son adresse à séduire saint Épiphane, la persécution et la fuite des frères dits les Longs ou les Grands, le secours douteux qu’ils reçurent de saint Chrysostôme à Constantinople, etc.