Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

défendre la paix et la liberté de la Scythie[1]. Les forces supérieures d’Uldin, roi des Huns, arrêtèrent la marche de Gainas. Un pays ennemi et ruiné s’opposait à sa retraite ; le général des Goths dédaigna de capituler : après avoir inutilement tenté plusieurs fois de s’ouvrir un chemin dans les rangs des ennemis, il périt sur le champ de bataille avec ses intrépides compagnons. [A. D. 401. 3 janvier.]Onze jours après la bataille navale sur l’Hellespont, l’empereur reçut à Constantinople la tête de Gainas, comme un présent inestimable, et avec la plus vive expression de reconnaissance. On célébra la mort du rebelle par des fêtes et des illuminations ; les victoires d’Arcadius devinrent le sujet de poëmes épiques[2] ; et le monarque, délivré de ses terreurs, subit nonchalamment le joug paisible et absolu de la belle et artificieuse Eudoxie, qui ternit sa gloire par la persécution de saint Jean Chrysostôme.

  1. Le récit de Zosime, qui conduit Gainas au-delà du Danube, doit être rectifié par celui de Socrate et celui de Sozomène, qui assurent qu’il fut tué dans la Thrace, et par les dates précises et authentiques de la Chronique d’Alexandrie ou de Paschal, p. 307. La victoire navale de l’Hellespont est datée du mois Apellæus, le 10 des calendes de janvier (décembre 23), et la tête de Gainas fut apportée à Constantinople le 3 des nones de janvier (janvier 3), dans le mois Audynæus.
  2. Eusebius Scholasticus acquit de la réputation par son poëme sur la guerre des Goths, contre lesquels il avait servi. Environ quarante ans après, Ammonius récita un poëme sur le même sujet en présence de l’empereur Théodose. Voyez Socrate, l. VI, c. 6.