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mures, le tumulte et le désordre éclataient dans tous les quartiers de Constantinople ; les Barbares contemplaient avec des yeux avides les boutiques des joailliers et l’or qui couvrait les comptoirs des banquiers. On jugea qu’il était prudent de les éloigner de ces objets de tentation. Irrités de cette précaution injurieuse, les Goths essayèrent de mettre le feu au palais pendant la nuit[1]. [20 juillet.]Dans ces dispositions mutuelles de soupçon et d’animosité, les gardes et le peuple de Constantinople fermèrent les portes et prirent les armes pour prévenir la conspiration des Goths ou pour s’en venger. Dans l’absence de Gainas, ses troupes furent surprises et vaincues, et sept mille Barbares perdirent la vie dans ce massacre. Dans la fureur de la poursuite, les catholiques découvrirent les toits de l’église arienne, où s’étaient réfugiés leurs adversaires, et les écrasèrent en leur lançant des poutres enflammées. Gainas avait ignoré l’entreprise des Goths, ou s’en était promis trop légèrement le succès. Il apprit avec étonnement que la fleur de son armée avait péri sans gloire, qu’il était déclaré lui-même ennemi de l’empire, et que son compatriote Fravitta, brave général et affectionnée la cour impériale, commandait l’armée et les forces maritimes. Gainas attaqua plusieurs villes de la

    demandes de Gainas, l’empereur fut obligé de fondre l’argenterie de l’église des Apôtres.

  1. Les historiens ecclésiastiques, qui tantôt dirigent et tantôt suivent l’opinion publique, assurent que le palais de Constantinople était gardé par une légion d’anges.