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pieds de l’empereur, exigea le sacrifice d’Aurélien et de Saturnin, deux ministres consulaires, qui virent l’épée de cet orgueilleux barbare suspendue sur leur tête et prête à les frapper, jusqu’au moment où il daigna leur accorder un sursis honteux et précaire. Conformément aux articles de la convention, les Goths passèrent sur-le-champ d’Asie en Europe ; leur chef victorieux, qui avait accepté le titre de maître-général des armées romaines, remplit Constantinople de ses troupes, et distribua parmi ses créatures les honneurs et les richesses de l’empire. Dans sa jeunesse, Gainas avait passé le Danube en fugitif et s’était présenté en suppliant. Il devait son élévation à sa valeur, secondée de la fortune ; l’imprudence ou la perfidie de sa conduite précipita rapidement sa destruction. Malgré la vigoureuse opposition de l’archevêque, il réclama obstinément la possession d’une église particulière pour ses Barbares ariens ; et l’orgueil des catholiques s’offensa de voir tolérer publiquement l’hérésie[1]. Les mur-

    Ευφημιας μαρτυριον, sans faire attention qu’il emploie le langage des chrétiens. Evagrius décrit (l. II, c. 3) l’architecture, la situation, les reliques et les miracles de cette église célèbre, dans laquelle on tint depuis le concile de Chalcédoine.

  1. Théodoret appuie fortement sur les pieuses remontrances de saint Chrysostôme, dont ce saint n’a point cependant laissé de trace dans ses écrits. Mais c’est à tort que Théodoret prétend insinuer qu’elles eurent du succès, puisque les faits démontrent le contraire. Tillemont (Hist. des emper., t. V, p. 383) a découvert que pour satisfaire aux