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des villes, dès long-temps tombant en ruines, s’écroulèrent aux premiers coups de l’ennemi. Les habitans effrayés échappèrent au carnage en se précipitant sur les rives de l’Hellespont : presque toute l’Asie Mineure ressentit les fureurs de Tribigild et de ses Ostrogoths. Les paysans de la Pamphilie arrêtèrent un moment les progrès de cette invasion. Les Ostrogoths, attaqués dans un passage étroit entre la ville de Selgæ[1], un marais profond et les roches escarpées du mont Taurus, perdirent les plus braves de leurs soldats ; mais ce revers n’effraya point l’intrépide général. Son armée se recrutait sans cesse de Barbares et de malfaiteurs qui cherchaient à exercer leur brigandage sous le nom plus honorable de guerre et de conquête. La crainte et l’adulation déguisèrent dans les commencemens les succès de Tribigild ; mais l’alarme se répandit enfin à la cour et dans la capitale : tous les événemens malheureux étaient grossis par des faits vagues et incertains ; les projets des rebelles devenaient le sujet des plus effrayantes conjectures. Lorsque Tribigild avançait dans l’intérieur du pays, les Romains lui supposaient l’intention de franchir le mont Taurus et d’envahir la Syrie ; s’il descendait du côté de la mer, ils lui attri-

    d’être accélérée, se trouve retardée dans son cours par la plus grande.

  1. Selgæ, colonie des Lacédémoniens, contenait autrefois une population de vingt mille citoyens ; mais du temps de Zosime elle était réduite à la condition d’une πολιχνη, ou petite ville. Voyez Cellarius, Geograph. antiq., t. II, p. 117.