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et expérimentés. Au commencement de la guerre, le peuple romain se composait de deux cent cinquante mille citoyens en âge de porter les armes[1]. Cinquante mille avaient déjà sacrifié leur vie à la défense de leur pays ; et les vingt-trois légions qui composaient les différens camps de l’Italie, de la Grèce, de la Sardaigne, de la Sicile et de l’Espagne, exigeaient environ cent mille hommes ; mais il en restait encore autant dans Rome et dans les environs, tous animés d’un courage intrépide, et accoutumés, dès leur plus tendre jeunesse, aux exercices et à la

  1. Dans les trois census qui furent faits du peuple romain vers le temps de la seconde guerre punique, on trouva les nombres dont voici le détail (voyez Tite-Live, Épitom., l. XX ; Hist., l. XXVII, 36 ; XXIX, 37), deux cent soixante-dix mille deux cent treize, cent trente-sept mille cent huit, deux cent quatorze mille. La diminution considérable qui se trouve dans le second, et l’augmentation du troisième, ont paru si extraordinaires, que, malgré le témoignage unanime des Mss., plusieurs critiques ont soupçonné quelque erreur dans le texte de Tite-Live. Voyez Drakenborch, ad XXVII, 36 ; et Beaufort, Républ. romain., t. I, p. 325. Ils ne considéraient pas que le second census ne comprenait que ce qui se trouvait dans Rome, et que le nombre de citoyens était diminué non-seulement par la mort, mais aussi par l’absence d’un grand nombre de soldats. Tite-Live affirme que dans le troisième census les légions furent comptées, et que le dénombrement en fut fait par des commissaires particuliers. Du nombre que porte la liste, il faut toujours déduire un douzième d’hommes au-dessus de soixante ans, et incapables de porter les armes. Voyez Population de la France, p. 72.