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du côté de leur père ou de leur mère, ou à recevoir par testament aucun don ou legs d’un parent ou d’un étranger. Couverts d’une infamie héréditaire, privés de tout espoir d’acquérir des honneurs ou de la fortune, qu’ils endurent toutes les horreurs du mépris et de la misère, au point de détester la vie, et de désirer la mort comme leur seule ressource. » C’est dans ces termes qui outragent tous les sentimens de l’humanité, que l’empereur, ou plutôt son eunuque favori, applaudit à la modération d’une loi qui comprend dans ce châtiment injuste et inhumain les enfans de tous ceux qui ont favorisé ou qui n’ont pas découvert ces prétendues conspirations. Un grand nombre des plus sages règlemens de la jurisprudence romaine sont ensevelis dans l’oubli ; mais on a soigneusement inséré dans les codes de Théodose et de Justinien cet odieux instrument de la tyrannie ministérielle, et les mêmes maximes ont été adoptées dans des temps plus modernes, pour protéger les électeurs de l’Allemagne et les cardinaux de l’Église romaine[1].

Révolte de Tribigild. A. D. 399.

Cependant, ces lois sanguinaires, qui répandaient la terreur parmi les peuples timides et désarmés, se trouvèrent un faible frein contre l’audace de Tribigild l’Ostrogoth[2]. La colonie de cette nation guer-

  1. Godefroy, t. III, p. 89. On soupçonne cependant que cette loi, si contraire aux maximes de la liberté germanique, a été frauduleusement ajoutée à la Bulle d’Or.
  2. Zosime (l. V, p. 304-312) nous fait de la révolte de Tribigild et de Gainas un récit long et circonstancié, qu’il