Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/157

Cette page a été validée par deux contributeurs.

miers mouvemens de violence où pouvait se porter le ressentiment, souvent légitime, de leurs concitoyens ; et par un étrange renversement de toutes les lois, une querelle particulière et une conspiration contre l’empereur ou contre l’état, encouraient la même punition, comme également criminelles. Le ridicule édit d’Arcadius déclare positivement, qu’en matière de crime de trahison les pensées doivent être punies avec autant de sévérité que les actions ; que la connaissance d’une intention criminelle, lorsqu’elle n’est pas révélée à l’instant, devient aussi punissable que l’intention même[1] ; et que les imprudens qui oseront solliciter le pardon des criminels de lèse-majesté, seront eux-mêmes flétris d’une infamie publique et indélébile. 3o. « Quant aux fils des coupables, ajoute l’empereur, quoiqu’ils dussent être compris dans le châtiment de leurs pères, parce qu’il est très-probable qu’ils en imiteront le crime ; cependant, par un effet spécial de notre indulgence impériale, nous leur faisons grâce de la vie ; mais nous les déclarons inhabiles à hériter, soit

  1. Barthole entend une connaissance pure et simple sans aucun signe d’approbation ou de participation. En récompense de cette opinion, dit Baldus, il grille aujourd’hui dans les enfers. Quant à moi, ajoute le discret Heineccius (Elem. jur. civ., l. IV, p. 411), je suis forcé d’approuver la théorie de Barthole ; mais, dans la pratique, j’inclinerais pour le sentiment de Baldus. Cependant les commissaires du cardinal de Richelieu citèrent gravement Barthole, et Eutrope fut en quelque façon cause de la mort du vertueux de Thou.