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est ordonné, au nom et par l’autorité d’Arcadius, que tous ceux qui, soit sujets ou étrangers, conspireront contre la vie de l’une des personnes que l’empereur regarde comme ses propres membres, encourront la peine de mort et de confiscation ; et cette application métaphorique du crime de lèse-majesté comprenait non-seulement les officiers de l’état et de l’armée de la classe des illustres et qui siégeaient dans le conseil impérial, mais aussi les principaux domestiques du palais, les sénateurs de Constantinople, les commandans militaires et les magistrats civils des provinces, dénomination vague, qui, sous les successeurs de Constantin, comprenait une multitude obscure d’agens subordonnés. 2o. Cette extrême sévérité aurait pu paraître équitable, si elle n’avait tendu qu’à défendre les représentans du souverain contre les violences auxquelles ils pouvaient être exposés dans l’exercice de leurs fonctions ; mais la totalité des employés du gouvernement s’était arrogé le droit de réclamer ce privilége ou plutôt cette impunité, qui les mettait à l’abri, jusque dans les momens les moins solennels de leur vie, des pre-

    de sicariis. leg. 3 ; et le Code de Justinien, l. IX, tit. 8 ; ad legem Juliam de majestate, leg. 5. Le changement du terme de meurtre en celui de crime de lèse-majesté est un perfectionnement du subtil Tribonien. Godefroy, dans une dissertation qu’il a insérée dans son Commentaire, éclaircit cette loi d’Arcadius, et explique tous les passages obscurs qui ont été défigurés ou corrompus par les jurisconsultes des siècles d’ignorance. Voyez t. III, p. 88-111.