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[Disgrâce d’Abundantius.]il avait à se reprocher le crime impardonnable d’avoir introduit ce vil esclave dans le palais de Constantinople et l’on peut louer en quelque sorte un favori ingrat et puissant qui se contente de la disgrâce de son bienfaiteur. Abundantius fut dépouillé de sa fortune par un mandat de l’empereur, et banni à Pityus, dernière frontière des Romains sur la mer Noire, où il vécut abandonné à l’inconstante pitié des Barbares jusqu’à la chute de son persécuteur, après laquelle cet infortuné obtint un exil moins rigoureux à Sidon, en Phénicie. [De Timase.]Il fallut pour se défaire de Timase procéder avec plus de circonspection et de régularité[1]. Maître général des armées sous le règne de Théodose, il avait signalé sa valeur par la défaite des Goths de Thessalie ; mais imitant l’indolence de son maître dans les loisirs de la paix, Timase abandonnait sa confiance à des flatteurs scélérats et perfides ; méprisant les clameurs du public, il avait donné le commandement d’une cohorte à l’un de ses subordonnés, homme infâme qui l’en punit bientôt par son ingratitude. À l’instigation secrète de l’eunuque favori, Bargus accusa son protecteur d’une conspi-

  1. Suidas a probablement tiré de l’histoire d’Eunape le portrait défavorable qu’il fait de Timase. Le rapport de son accusateur, les juges, le procès, etc., tout est parfaitement conforme aux usages, des cours anciennes et modernes. Voyez Zosime, l. V, p. 298, 299, 300. Je suis presque tenté de citer le roman d’un grand maître (Fielding, vol. IV de ses Œuvres, p. 49, etc., édit. angl. in-8o.), qui peut être considéré comme l’histoire de la nature humaine.