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et peut-être aux plaintes de leurs sujets, ils recevaient, selon les différens vents, les diverses productions, tribut de tous les climats ; et les fortifications de leur capitale bravèrent, durant une suite de siècles, toutes les entreprises des Barbares. Leurs vastes états s’étendaient depuis le Tigre jusqu’à la mer Adriatique ; et l’intervalle de vingt-cinq jours de navigation qui séparait les glaces de la Scythie et la brûlante Éthiopie[1], se trouvait enclavé dans les limites de l’empire d’Orient. Les populeuses provinces de cet empire étaient le siége des sciences et des arts, du luxe et de l’opulence ; et leurs habitans, qui avaient adopté le langage et les mœurs de la Grèce, se regardaient, avec quelque apparence de justice, comme la portion la plus civilisée et la plus éclairée de l’espèce humaine. La forme du gouvernement était absolument monarchique ; le nom de république romaine, longue et faible tradition de

  1. En calculant à peu près qu’un vaisseau pouvait faire par un bon vent mille stades ou cent vingt-cinq milles en vingt-quatre heures, Diodore de Sicile compte dix jours depuis les Palus Méotides jusqu’à l’île de Rhodes, et quatre jours de Rhodes à Alexandrie. La navigation du Nil depuis Alexandrie jusqu’à Syenne, sous le tropique du Cancer, exigeait dix jours, parce qu’il fallait remonter le fleuve. Diod. de Sicile, t. I, l. III, p. 200, éd. Wesseling. Il pouvait sans beaucoup d’exagération regarder les climats situés aux confins de la zone torride, comme exposés au dernier degré de la chaleur ; mais il parle des Méotides situées au quarante-septième degré de latitude moderne, comme si elles étaient enclavées dans le cercle polaire.