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sostôme, dans ses éloquens sermons, célèbre, tout en le blâmant, le luxe pompeux qui signala le règne d’Arcadius. « L’empereur, dit-il, porte sur sa tête ou un diadème ou une couronne d’or enrichie de pierres précieuses d’une valeur inestimable. Ces ornemens et les vêtemens teints en pourpre, sont réservés à sa personne sacrée. Ses robes de soie sont ornées d’une broderie d’or qui représente des dragons. Son trône est d’or massif ; il ne paraît en public qu’environné de ses courtisans, de ses gardes et de ses serviteurs. Leurs lances, leurs boucliers, leurs cuirasses, les brides et les harnois de leurs chevaux sont d’or, ou en ont au moins l’apparence. La brillante et large bosse d’or qui s’élève au centre de leur bouclier est entourée de plus petites bosses qui représentent la forme d’un œil humain. Les deux mules attelées au char de l’empereur sont parfaitement blanches et toutes couvertes d’or. Le char d’or pur et massif excite l’admiration des spectateurs ; ils contemplent les rideaux de pourpre, la blancheur des tapis, le volume des diamans, et les plaques d’or qui jettent l’éclat le plus vif lorsqu’elles sont agitées par le mouvement du char. Les portraits de l’empereur sont blancs sur un fond bleu. Le monarque est représenté assis sur son trône avec ses armes, ses chevaux et ses gardes à ses côtés, et ses ennemis vaincus enchaînés à ses pieds. » Les successeurs de Constantin fixèrent leur résidence dans la ville impériale qu’il avait construite sur les frontières de l’Europe et de l’Asie. Inaccessibles aux menaces de leurs ennemis,