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nablement regarder comme les représentans de leur nation. Ils étaient autorisés à interpréter et communiquer les lois du souverain, à exposer les griefs et les demandes de leurs constituans, à modérer ou à répartir également les impôts, et à délibérer sur tous les objets d’intérêt local ou national qui pouvaient tendre à maintenir la paix et la prospérité des sept provinces. Si cette institution, qui accordait aux peuples une influence sur leur gouvernement, eût été universellement établie par Trajan ou par les Antonins, des semences de sagesse et de vertu publique auraient pu germer et se multiplier dans l’Empire romain ; les priviléges des sujets auraient soutenu le trône des monarques, l’intervention des assemblées représentatives aurait arrêté à un certain point, ou corrigé les abus d’une administration arbitraire, et des citoyens libres auraient défendu leur patrie avec courage contre l’invasion d’un ennemi étranger. Sous la généreuse et bénigne influence de la liberté, l’Empire romain fût demeuré peut-être toujours invincible ; ou si sa trop vaste étendue et l’instabilité des choses humaines se fussent opposées à la conservation de son ensemble, ses parties séparées auraient pu conserver leur indépendance et leur vigueur ; mais, dans la caducité de l’empire, lorsque tout principe de vie était épuisé, ce remède tardif et partiel devenait incapable de produire des effets importans ou salutaires. L’empereur Honorius s’étonna de la répugnance avec laquelle les provinces acceptaient un privilége qu’elles auraient