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primitif de la constitution romaine[1]. Ces petites républiques administraient le revenu public, exerçaient la juridiction civile et criminelle, et s’attribuaient, relativement à leurs intérêts politiques, le pouvoir de décider et de commander ; et lorsqu’elles défendaient leur indépendance, la jeunesse de la ville et des environs devait naturellement se ranger sous l’étendard du magistrat. Mais le désir d’obtenir tous les avantages de la société civile, sans s’asservir à aucune des charges qu’elle impose, est une source inépuisable de troubles et de discorde, et nous ne pouvons raisonnablement supposer que le rétablissement de l’indépendance de la Bretagne ait été exempt de tumulte et de factions. L’audace des citoyens des classes inférieures dut souvent méconnaître la supériorité du rang et de la fortune ; et l’orgueil des nobles, qui se plaignaient d’être devenus les sujets de leurs anciens serviteurs[2], regretta, plus d’une fois sans doute, le gouvernement arbitraire des empereurs. 2o. Les possessions territoriales des sénateurs de chaque cité leur donnaient sur le pays environnant une influence qui maintenait la juridiction de la ville. Les villages et les propriétaires des campagnes reconnaissaient l’autorité de ces républiques naissantes, afin d’y trouver, dans l’occasion, leur sûreté. La sphère d’attraction

  1. Voy. Maffei, Verona illustrata, part. I, l. V, p. 83-106.
  2. Leges restituit, libertatemque reducit,
    Et servos famulis non sinit esse suis.

        Itinerar. Rutil., l. I, c. 215.