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temps la forme d’une république[1] ; mais elle fut sans cesse agitée de révoltes et de factions, et la Bretagne fut perdue sans retour[2]. Mais comme les empereurs consentirent sagement à l’indépendance de cette province éloignée, la séparation n’entraîna le reproche ni de rébellion, ni de tyrannie ; et les services volontaires de l’amitié nationale succédèrent aux devoirs de l’obéissance et de la protection[3].

    Notit. Galliarum, p. 43. Valois rapporte plusieurs témoignages pour confirmer ce caractère, auxquels j’ajouterai celui du prêtre Constantin, A. D. 488. Dans la vie de saint Germain il les appelle les rebelles Armoricains, « mobilem et indisciplinatum populum ». Voy. les Historiens de France, t. I, p. 643.

  1. J’ai cru devoir faire ma protestation contre cette partie du système de l’abbé Dubos, contre lequel Montesquieu s’est élevé si fortement. Voy. l’Esprit des Lois, l. XXX, c. 24.
  2. Βρεταννιαν μεν τοι Ρωμαιοι ανασωσασθαι ο‌υκετι εχον, sont les expressions de Procope (De bell. Vandal., l. I, c. 2, p. 181, éd. du Louvre) dans un passage important qui a été trop négligé. Bède lui-même (Hist. gent. anglic., l. I, c. 12, p. 50, édit. Smith) convient que les Romains abandonnèrent tout-à-fait la Bretagne sous le règne d’Honorius. Cependant nos historiens modernes et nos antiquaires ne sont point de cette opinion ; et quelques-uns prétendent qu’il ne se passa que peu de mois entre la retraite des Romains et l’invasion des Saxons.
  3. Bède n’a point omis le secours passager des légions contre les Pictes et les Écossais ; nous offrirons bientôt la preuve la plus authentique d’une levée de douze mille hommes que les Bretons indépendans fournirent à l’empereur Anthemius pour la guerre de la Gaule.