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pèrent insensiblement, par droit de conquête ou par convention, les deux provinces connues depuis sous le nom de duché et de comté de Bourgogne[1]. Les Francs, ces vaillans et fidèles alliés de Rome, se laissèrent bientôt tenter d’imiter les usurpateurs auxquels ils avaient si courageusement résisté. Leurs bandes indisciplinées pillèrent la ville de Trèves, capitale de la Gaule ; et la faible colonie qu’ils conservaient depuis si long-temps dans le district de la Toxandrie ou Brabant, s’étendit peu à peu sur les bords de la Meuse et de la Scheld, et couvrit de leurs tribus indépendantes toute l’étendue de la seconde ou Basse-Germanie. Ces faits sont suffisamment prouvés par le témoignage de l’histoire ; mais la fondation de la monarchie française par Pharamond, les conquêtes, les lieux et même l’existence de ce héros, ont été, avec justice, révoqués en doute par la sévérité impartiale des critiques modernes[2].

  1. Orose (l. VII, c. 32, p. 550) fait l’éloge de la douceur et de la modération des Bourguignons, qui traitaient leurs sujets gaulois comme leurs frères chrétiens. Mascou a éclairci l’origine de leur royaume dans les quatre premières notes qui se trouvent à la fin de sa laborieuse Histoire des anciens Germains, vol. XI, p. 555-572 de la traduct. anglaise.
  2. Voyez Mascou, l. VIII, p. 43, 44, 45. À l’exception d’une ligne courte et peu authentique de la Chronique de Prosper (t. I, p. 638), on ne trouve nulle part le nom de Pharamond avant le septième siècle. L’auteur des Gesta Francorum (t. II, p. 543) suppose avec assez de probabilité que Marcomir, père de Pharamond, exilé en Toscane,