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redoutaient comme les bornes de l’univers : mais quand il arriva au promontoire méridional de l’Espagne, et que du haut du rocher où est aujourd’hui situé Gibraltar, il contempla les côtes fertiles de l’Afrique, Wallia reprit le projet de conquête suspendu par la mort d’Alaric[1]. Les vents et les vagues s’opposèrent encore à l’entreprise des Goths, et cette seconde épreuve de la fureur des tempêtes fit une profonde impression sur l’imagination d’un peuple superstitieux. Dans cette disposition des esprits, le successeur d’Adolphe écouta les propositions de l’ambassadeur romain, et se laissa déterminer par la nouvelle de l’approche réelle ou supposée d’une armée conduite par le brave Constance. Le traité fut solennellement conclu et fidèlement observé ; Placidie fut reconduite avec honneur dans le palais de son frère. Les Goths affamés[2] reçurent six cent mille mesures de grains, et Wallia fit le serment d’employer ses armes au service de l’empire. Dans ces circonstances, une guerre sanglante éclata entre les Barbares de l’Espagne. On prétend

  1. Quòd Tartessiacis avus hujus Vallia terris
    Vandalicas turmas, et juncti Martis Alanos
    Stravit, et occiduam texere cadavera
    Calpen.

        Sidon. Appollinar. in Panegyr. Anthem., 363, p. 300, éd. Sirmond.

  2. Ce secours leur était très-nécessaire. Les Vandales de l’Espagne donnaient aux Goths l’épithète insultante de Truli, parce que durant la disette ils avaient donné une pièce d’or pour une trula, environ une demi-livre de farine. Olympiod., apud Phot., p. 189.