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Vieille-Castille. Les Alains se répandirent dans les provinces de Carthagène et de Lusitanie, depuis la Méditerranée jusqu’à l’océan Atlantique. Les Silinges, branche de la nation des Vandales, s’emparèrent du territoire fertile de la Bétique. Après avoir réglé ce partage, les conquérans contractèrent avec leurs nouveaux sujets quelques engagemens réciproques d’obéissance et de protection. Les villes et les villages se remplirent peu à peu d’un peuple de captifs, et les terres recommencèrent à être cultivées. Des Espagnols, et même la plupart, se sentirent disposés à préférer cet état de misère et de barbarie aux anciennes vexations du gouvernement romain ; plusieurs cependant défendirent avec succès leur liberté, et refusèrent, particulièrement dans les montagnes de la Galice, de se soumettre au joug des Barbares »[1].

Adolphe, roi des Goths, marche en Espagne. A. D. 414.

La mort de Jovinus et de Sébastien avait prouvé l’attachement d’Adolphe pour son beau-frère Honorius et lui avait soumis la Gaule. La paix était incompatible avec le caractère et la situation du monarque des Goths ; il accepta sans peine la proposition de tourner ses armes victorieuses contre les Barbares de l’Espagne. Les troupes de Constance

  1. Mariana, De rebus hispanicis, l. V, c. 1, t. I, p. 148, La Haye, 1733. Il avait lu dans Orose (l. VII, c. 41, p. 579) que les Barbares avaient quitté l’épée pour conduire la charrue, et qu’une grande partie des provinciaux préféraient inter Barbaros pauperem libertatem, quàm inter Romanos tributariam sollicitudinem sustinere.