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la protection des empereurs ; et le courage des Espagnols, un peu affaibli par l’habitude de la paix et de la servitude, sembla jeter de nouveau quelques étincelles, lorsque les Germains répandirent la terreur depuis les bords du Rhin jusqu’aux Pyrénées. Tant que les braves et fidèles milices du pays conservèrent la garde de ces montagnes, elles repoussèrent avec succès toutes les entreprises des Barbares ; mais dès que les troupes nationales furent forcées de remettre leurs postes aux bandes honoriennes qui combattaient pour Constantin, ces troupes perfides livrèrent les barrières de l’Espagne aux ennemis, environ dix mois avant le sac de Rome par les Goths[1]. Coupables de rébellion contre leur souverain légitime, affamés de pillage, les gardes mercenaires des Pyrénées abandonnèrent leur poste, appelèrent à leur aide les Suèves, les Alains et les Vandales, et grossirent le torrent dévasta-

    trois témoignages respectables du quatrième et du septième siècles : Expositio totius mundi, p. 16, dans le troisième volume des géographes d’Hudson ; Ausone, De claris urbibus, p. 242, édit. Toll. ; Isidore de Séville, Préface de la Chronique, apud Grotium, Hist. des Goths, p. 707. On peut trouver beaucoup de particularités relatives à la fertilité et au commerce d’Espagne, dans Nonnius, Hispania illustrata ; et dans Huet, Histoire du Commerce des Anciens, c. 40, p. 228-234.

  1. La date est soigneusement fixée dans les Fasti et dans la Chronique d’Idatius. Orose (l. VII, c. 40, p. 578) assure que la trahison des Honoriens livra l’Espagne ; mais Sozomène (l. IX, c. 12) ne les accuse que de négligence.