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La mort de Sarus rompit l’alliance incertaine qu’Adolphe entretenait avec les usurpateurs de la Gaule. Il écouta de nouveau la voix de l’amour et de la prudence, et promit au frère de Placidie de lui porter bientôt à Ravenne les têtes de Jovinus et de Sébastien. Le roi des Goths exécuta sa promesse sans délai et sans difficulté. Les deux frères, sans amis et sans mérite personnel, virent déserter tous leurs auxiliaires barbares ; et Valence, une des plus belles villes de la Gaule, expia, par sa ruine, sa courte résistance. L’empereur, choisi par le sénat de Rome, après avoir été successivement élevé sur le trône, dégradé, insulté, rétabli, et dégradé une seconde fois avec ignominie, fut enfin abandonné à son triste sort. Lorsque le roi des Goths lui retira totalement sa protection, le mépris ou la pitié l’empêchèrent de faire aucune violence au malheureux Attale. Ce fantôme d’empereur, sans alliés et sans sujets, s’embarqua dans un port de l’Espagne, pour se réfugier dans quelque retraite solitaire ; mais il fut pris en mer, traîné en présence d’Honorius, conduit en triomphe dans les rues de Rome et de Ravenne, et publiquement exposé aux regards de la multitude, sur la seconde marche du trône de son invincible vainqueur. Attale subit le châtiment dont on l’accu-

    Olympiodore dit μολις σακκοις εζωγρησαν. Σακκος ou σακος peut signifier un sac ou un habit flottant ; et cette manière d’embarrasser un ennemi ou de s’en rendre maître, laciniis contortis, se pratiquait souvent chez les Huns. Ammien, XXXI, 2. Il fut pris vif avec des filets ; c’est ainsi que le traduit Tillemont, Hist. des emper., t. V, p. 608.