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feu, il frappait les ennemis de terreur, et ses soldats encouragés ne doutaient plus de la victoire. La cour de Ravenne l’avait chargé de faire rentrer dans la soumission les provinces rebelles de l’Occident ; et le prétendu empereur Constantin, après quelques momens de répit troublés par la crainte, se vit assiégé une seconde fois dans sa capitale par un ennemi plus formidable. Cependant l’intervalle de ces deux siéges lui donna le temps de négocier un traité avec les Francs et les Allemands, et Édobic, son ambassadeur, revint bientôt à la tête d’une armée pour troubler les opérations du siége. Le général romain, au lieu d’attendre qu’on l’attaquât dans ses lignes, se détermina hardiment, et peut-être sagement, à passer le Rhône et à prévenir les Barbares. Ses dispositions furent conduites avec tant de secret et d’intelligence, que, tandis que l’infanterie de Constance les attaquait en tête, son lieutenant Ulphilas, qui avait gagné en silence un poste avantageux sur leurs derrières, les environna avec sa cavalerie, en fit un grand carnage, et détruisit toute leur armée. Les restes sauvèrent leur vie par la fuite ou par la soumission, et leur général Édobic trouva la mort dans la maison d’un ami perfide, qui se flattait d’obtenir du général de l’empire un présent magnifique pour récompense de sa trahison. Constance se conduisit dans cette occasion avec la magnanimité d’un vrai Romain. Réprimant tout sentiment de jalousie, il reconnut devant l’armée le mérite et le service important d’Ulphilas ; mais il détourna ses regards