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raclien, qui attaquaient sa sûreté personnelle, le tirèrent pour un moment de son indolence habituelle. Il ignora probablement les causes et les événemens qui l’avaient délivré de ces dangers ; et l’Italie, se trouvant débarrassée de ses ennemis étrangers et domestiques, il continua de végéter paisiblement dans le palais de Ravenne, tandis qu’au-delà des Alpes, ses lieutenans poursuivaient les usurpateurs, et remportaient des victoires au nom du fils de Théodose[1]. Occupé d’un récit intéressant et compliqué, il serait possible que j’oubliasse d’annoncer l’époque de sa mort ; et je prendrai d’avance la précaution d’avertir qu’il survécut environ treize ans au dernier siége de Rome.

Révolution de la Gaule et de l’Espagne. A. D. 409-413.

Constantin, revêtu de la pourpre par les légions de la Bretagne, avait eu des succès qui semblaient devoir assurer son usurpation. On reconnaissait sa puissance depuis le mur d’Antonin jusqu’aux colonnes d’Hercule ; et au milieu des désordres publics, il partageait le pillage de la Gaule et de l’Espagne avec les Barbares, dont la marche destructive n’était plus arrêtée ni par le Rhin ni par les Pyrénées. Souillé

  1. J’ai tiré tous mes éclaircissemens sur la vie de ces différens usurpateurs de six historiens contemporains, deux latins et quatre grecs. Orose, l. VII, c. 42, p. 581, 582, 583 ; Renatus-Profuturus-Frigeridus, ap. Grég. de Tours, l. II, c. 9 ; dans les historiens de France, tom. II, p. 165, 166 ; Zosime, l. VI, p. 370, 371 ; Olympiodore, apud Photium, p. 180, 181, 184, 185 ; Sozomène, l. IX, c. 12-15 ; Dissert., de Godefroy, p. 477-481 ; les quatre Chroniques de Prosper-Tyro, Prosper d’Aquitaine, Idatius et Marcellin.