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des propriétaires fugitifs. À peu près dans le même temps, les ministres d’Honorius publièrent en son nom une amnistie générale qui abolissait la mémoire de toutes les offenses involontaires commises par ses malheureux sujets durant les désordres et les calamités publiques. On s’appliqua avec un soin convenable et décent à la restauration de la capitale ; on encouragea les citoyens à reconstruire les édifices détruits ou endommagés par l’incendie, et on fit venir des côtes d’Afrique des secours extraordinaires de grains. L’espoir de l’abondance et des plaisirs rappela bientôt la foule qui avait fui si récemment l’épée des Barbares ; et Albinus, préfet de Rome, instruisit la cour, non sans quelque surprise et quelque inquiétude, du compte qu’on lui avait rendu en un seul jour de l’arrivée de quatorze mille étrangers[1]. En moins de sept ans, il ne resta presque plus de vestiges de l’invasion des Goths ; et Rome, avec la tranquillité, reprit son ancienne splendeur ; cette vénérable matrone replaça sur sa tête la couronne de lauriers que lui avaient enlevée les orages de la guerre, et se laissa amuser, jusqu’au moment de sa chute, par des prédictions de vengeance, de victoire et de domination éternelle[2].

  1. Olympiodore, apud Photium, p. 188. Philostorgius (l. XII, c. 5) observe que quand Honorius fit son entrée triomphale, il encouragea les Romains de la main et de la voix, χειρι και γλωττη, à rebâtir leur cité ; et la Chronique de Prosper fait l’éloge d’Héraclien, qui in Romanæ urbis reparationem strenuum exhibuerat ministerium.
  2. La date du voyage de Claudius-Rutilius-Numatianus