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dans le cœur d’Adolphe ; et le monarque des Goths eut l’ambition de devenir le frère de l’empereur. Les ministres d’Honorius rejetèrent dédaigneusement la proposition d’une alliance si honteuse pour la fierté romaine, et pressèrent à plusieurs reprises le renvoi de Placidie comme une condition indispensable du traité de paix : mais la fille de Théodose se soumit sans répugnance aux désirs d’un conquérant jeune et intrépide, qui, ne le cédant à Alaric que par la taille et par la force du corps, l’emportait sur son prédécesseur par les avantages séduisans de la grâce et de la beauté. Le mariage d’Adolphe et de Placidie[1] fut consommé avant que les Goths évacuassent l’Italie ; et ils célébrèrent la fête ou peut-être l’anniversaire de leur union dans la maison d’Igenuus, un des plus illustres citoyens de Narbonne. La princesse, vêtue comme une impératrice, s’assit sur un trône élevé ; et le roi des Goths, habillé, dans cette cérémonie, à la romaine, se plaça à côté d’elle sur un siége moins éminent. Les dons qu’il

  1. Voyez les portraits d’Adolphe et de Placidie, et les détails de leur mariage dans Jornandès, De reb. get., c. 31, p. 654, 655. Quant à l’endroit où cette union fut contractée, célébrée ou consommée, les manuscrits de Jornandès ne sont point d’accord, et ils nomment deux villes proches l’une de l’autre, Forli et Imola (Forum Livii et Forum Cornelii). Il est aisé de concilier l’historien des Goths avec Olympiodore. Voyez Mascou, l. VIII, c. 36. Mais Tillemont prend de l’humeur, et prétend qu’il est inutile de chercher à concilier Jornandès avec un bon auteur.