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long-temps une confédération sous le nom de Tripoli[1], se trouvèrent pour la première fois forcées de fermer leurs portes pour se mettre à l’abri d’une invasion. Les sauvages de Gétulie surprirent et massacrèrent plusieurs de leurs plus honorables citoyens ; ils pillèrent les villages et les faubourgs des villes, et arrachèrent par méchanceté les vignes et les arbres fruitiers. Les habitans consternés implorèrent le secours de Romanus ; mais ils éprouvèrent que leur gouverneur n’était ni moins cruel ni moins avide que les Barbares. Avant de marcher contre les ennemis, Romanus exigea des Tripolitains quatre mille chameaux et une somme d’argent exorbitante, qu’ils étaient également hors d’état de fournir. Cette demande équivalait à un refus, et on pouvait le regarder justement comme l’auteur de la calamité publique. Dans l’assemblée suivante de leurs trois villes, qui avait lieu tous les ans, ils choisirent deux députés qu’ils chargèrent de porter à Valentinien le don annuel d’une victoire d’or massif, don offert par le devoir plutôt que par la reconnaissance ; et qui devait être accompagné d’une humble complainte sur ce que ruinés par leurs ennemis, ils étaient encore trahis par leur gouverneur. Si la sévérité de

  1. Ammien cite souvent leur Concilium annuum legitimum ; Leptis et Sabrata sont détruites depuis long-temps ; mais la ville d’Oea, patrie d’Apulée, est encore florissante sous le nom de Tripoli. (Voyez Cellarius, Geogr. antiq., t. II, part. II, p. 81 ; d’Anv., Géogr. anc., t. III, p. 71, 72 ; et Marmol, Afrique, l. II, p. 562.)