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Depuis les sources du Rhin jusqu’au détroit de l’Océan, l’empereur fit construire, sur les bords de ce fleuve, une chaîne de forts et de tours : habile dans les arts mécaniques, il inventa de nouvelles fortifications et de nouvelles armes. De nombreuses levées de Romains et de jeunes Barbares furent sévèrement disciplinées, et soigneusement instruites dans tous les exercices militaires. Malgré l’opposition des Barbares, dont quelques-uns se permirent seulement de modestes représentations, et quelques autres de violentes attaques, Valentinien acheva la barrière du Rhin, qui assura la tranquillité de la Gaule, durant les neuf dernières années de son règne[1].

Les Bourguignons. A. D. 371.

L’empereur, qui avait adopté les sages maximes

    rissable source de ces armées et de ces colonies dont l’Empire romain eut à soutenir le choc, et sous lesquelles il succomba. Il n’est pas probable qu’en aucun temps, la population de la Germanie ait subi de suite deux périodes de doublement, ou même une seule en vingt-cinq années. Les guerres perpétuelles de ces peuples, l’état peu avancé de leur agriculture, surtout l’étrange coutume adoptée par plusieurs tribus, de s’entourer de déserts, s’opposaient absolument à un tel accroissement. Sans doute à aucune époque le pays ne fut bien peuplé, quoique souvent il fût surchargé d’un excès de population… Mais au lieu de s’appliquer à éclaircir leurs forêts, à dessécher leurs marais, à rendre leur sol capable de suffire à une population croissante, il était plus conforme à leurs habitudes martiales et à leur humeur impatiente d’aller en d’autres climats chercher des vivres, du pillage et de la gloire. » (Essai sur le principe de Population, t. I, p. 145 et suiv.) (Note de l’Éditeur.)

  1. Ammien, XXVIII, 2 ; Zosime, l. IV, p. 214. Victor le jeune parle de l’intelligence que l’empereur Valentinien avait pour la mécanique. Novo arma meditari ; fingere terrâ seu limo simulacra.