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leur général indigné lorsqu’il apprit cette barbarie. Cette action honteuse, dont on pouvait accuser la fureur du soldat, fut suivie du meurtre prémédité de Withicab, le fils de Vadomair, prince allemand, d’une constitution faible et valétudinaire, mais d’une valeur ardente et redoutable. Un assassin domestique commit ce crime à l’instigation des Romains[1] ; cet oubli des lois de la justice et de l’humanité découvrait les craintes secrètes que leur inspirait la faiblesse d’un empire sur son déclin. Les conseils publics n’adoptent guère le secours du poignard, tant qu’ils peuvent se reposer sur la puissance de l’épée.

Valentinien passe le Rhin et le fortifie. A. D. 368.

Au moment où les Allemands paraissaient le plus humiliés de leurs derniers revers, l’orgueil de Valentinien reçut une mortification dans la surprise de Mogontiacum ou Mayence, la principale ville de la Haute-Allemagne. Au moment où les chrétiens, sans défiance, célébraient une de leurs fêtes, Rando, l’un des chefs allemands, guerrier habile et hardi, qui avait long-temps médité son entreprise, passa subitement le Rhin, entra dans la ville dépourvue de tout moyen de défense, et emmena une multitude d’esclaves des deux sexes. Valentinien résolut de tirer une vengeance sanglante de tout le corps de la nation. Le comte Sébastien reçut ordre d’entrer dans le

  1. Studio sollicitante nostrorum, occubuit. Ammien. XXVII, 10.