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siblement les plus précieux avantages : le vif attachement peut-être d’une femme jeune et belle, l’abondance recherchée d’une maison opulente, et l’hommage respectueux des esclaves, des affranchis et des cliens d’une famille de sénateurs. Les dames romaines dissipaient insensiblement leurs immenses fortunes en aumônes inconsidérées et en pèlerinages dispendieux ; et le moine rusé qui s’assurait, dans le testament de sa fille spirituelle, une partie et quelquefois la totalité de sa fortune, osait encore déclarer, avec la fausse douceur de l’hypocrisie, qu’il n’était que l’instrument de la charité et l’intendant des pauvres. Le métier[1] lucratif et honteux que les ecclésiastiques exerçaient pour dépouiller les héritiers naturels, enflamma l’indignation, même d’un siècle superstitieux. Deux des plus respectables pères de l’Église latine avouèrent que l’ignominieux édit de Valentinien était juste et nécessaire, et que les prêtres chrétiens avaient mérité de perdre un privilége conservé aux comédiens et

  1. Les expressions dont je me suis servi sont faibles et très-modérées, en comparaison des violentes invectives de saint Jérôme (t. I, p. 13, 45, 144, etc.). On lui reproche les fautes qu’il avait reprochées lui-même aux moines, ses confrères, et le sceleratus, le versipellis fut accusé publiquement d’être l’amant de la veuve Paule, autrement sainte Paule (t. II, p. 363). Il était, à la vérité, tendrement aimé de la mère et de la fille ; mais il affirme qu’il n’a jamais fait servir son influence à satisfaire aucun intérêt personnel ou aucun désir sensuel.