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chevêque de Césarée, que les trinitaires choisirent pour leur chef après la mort de saint Athanase[1]. L’histoire détaillée de cette négociation a été composée par les amis et les admirateurs de saint Basile ; cependant, après avoir élagué les ornemens de rhétorique et les miracles, on demeure tout étonné de l’indulgence inattendue du tyran arien qui admira la fermeté de l’archevêque. En employant la violence, on craignit de faire révolter toute la province de Cappadoce[2]. L’archevêque qui soutenait la dignité de son rang et la vérité de ses opinions avec un orgueil inflexible, conserva paisiblement sa liberté de conscience et la possession de son archevêché. L’empereur assista dévotement au service divin dans la cathédrale, et au lieu d’une sentence de bannissement, souscrivit une donation considérable en faveur d’un hôpital que saint Basile avait

  1. Tillemont, que je transcris et que j’abrège, a extrait (Mém. ecclés., t. VIII, p. 153-167) les circonstances les plus authentiques des panégyriques des deux Grégoire, le frère et l’ami de saint Basile. Les lettres de saint Basile lui-même ne présentent point le tableau d’une persécution violente. (Dupin, Biblioth. ecclés., t. II, p. 155-180.)
  2. Basilius, Cæsariensis episcopus, Cappadociæ clarus habetur… Qui multa continentiæ et ingenii bona uno superbiæ malo perdidit. Ce passage peu respectueux est tout-à-fait dans le style et dans le caractère de saint Jérôme ; on ne le trouve point dans l’édition que Scaliger a faite de sa Chronique ; mais Vossius l’a trouvé dans quelque manuscrit ancien que les moines n’ont pas corrigé.