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Cependant un examen fait de bonne foi peut donner lieu de présumer que ses ministres ecclésiastiques allèrent souvent au-delà des ordres et même de l’intention de leur maître, et que les faits ont été fort exagérés par les déclamations véhémentes et par la docile crédulité de ses antagonistes[1], 1o. Le silence de Valentinien doit faire présumer que les actes partiels de sévérité qu’on exerça au nom et dans les provinces de son collègue, se bornèrent à quelques déviations obscures et peu considérables du système de tolérance généralement établi ; et le judicieux historien qui a donné des louanges à la constante impartialité du frère aîné, ne parle point de la persécution de l’Orient, dont il aurait naturellement formé un contraste avec la tranquillité des états de Valentinien[2]. 2o. Quand les rapports vagues d’un temps éloigné mériteraient une plus entière confiance, on peut juger sainement du caractère ou du moins de la conduite de Valens par sa transaction particulière avec l’éloquent Basile, ar-

  1. Jortin, dans ses Remarques sur l’Histoire ecclésiastique (vol. IV, p. 78), a déjà conçu et fait sentir ce soupçon.
  2. Cette réflexion est si forte et si claire, qu’Orose (l. VII, c. 32, 33) retarde la persécution jusque après la mort de Valentinien. D’un autre côté, Socrate suppose (l. III, c. 32) qu’elle fut apaisée par un discours philosophique que Themistius prononça dans l’année 374 (orat. XII, p. 154, en latin seulement). Toutes ces contradictions affaiblissent les preuves, et réduisent la durée de la persécution de Valens.