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secrète répugnance à confesser la divinité du Saint-Esprit, obscurcissait la gloire de ce triomphe ; et la déclaration de Valens, qui, dans les premières années de son règne, avait imité la conduite impartiale de son frère, fut une victoire importante en faveur de l’arianisme. Les deux empereurs s’étaient contentés, avant leur élévation, de la qualité de cathécumènes ; mais la piété de Valens lui fit désirer de recevoir le sacrement de baptême avant d’exposer sa personne aux dangers d’une guerre contre les Goths. Il s’adressa naturellement à Eudoxe[1], évêque de la ville impériale ; et si le prélat arien instruisit le monarque ignorant dans les principes d’une théologie hétérodoxe, c’est aux suites inévitables de ce choix erroné qu’il faut attribuer le crime ou plutôt le malheur de son disciple. Mais quelque choix qu’eût pu faire Valens, il offensait nécessairement une portion nombreuse de ses sujets, les chefs de homoousiens et des ariens, étant également persuadés qu’on leur faisait une violente injure et une injustice cruelle en les empêchant de faire la loi. Après cette démarche décisive, il lui fut très-difficile de conserver ou la vertu ou la réputation d’impartialité. Il n’aspirait pas, comme Con-

  1. Eudoxe était d’un caractère doux et timide. Il devait être fort vieux lorsqu’il baptisa Valens (A. D. 367), puisqu’il avait fait sa théologie cinquante-cinq ans avant, sous Lucien, pieux et savant martyr. (Philostorg., l. II, c. 14-16 ; l. IV, c. 4 ; Godefroy, p. 82-206 ; Tillemont, Mém. ecclés., t. V, p. 474-480, etc.)